Les grands gagnants du mercato – épisode 1 : la Ligue 1

Bon les amis, trêve de galéjades : alors que les sites d’information sportifs cherchent désespérément un sujet voire scrutent déjà les tendances pour janvier, il est grand temps de tirer un premier bilan de ce mercato. Si certaines équipes n’ont pas recruté à la hauteur de leurs besoins ou de leurs espérances (enfin surtout celles de leurs supporters), d’autres ont réalisé un mercato sérieux de bout en bout, alliant bonnes affaires et nez creux pour un savoureux cocktail de recrutement parfait. Quelles sont ces équipes, et pourquoi leur mercato pue l’intelligence à trois kilomètres ? Je vous dis tout. Première étape de cette série d’articles : la France. Dont on ne retiendra finalement qu’une seule chose : MARIO BALOTELLI. 

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Malheureusement dans notre chère Liguain, les clubs qui se mouillent sur le marché des transferts ne sont pas nombreux. Faute de moyen, dit-on. L’excuse est classique, plutôt valide, mais des clubs arrivent toujours à s’en défaire et à flairer les bonnes affaires. C’est la force de notre championnat, dans un sens : nos clubs ont (parfois) un vrai pif sur le marché. Cette année pour moi, quatre clubs ont clairement tiré leur épingle du jeu. D’un côté, deux équipes qui se sont démarquées avec un recrutement intelligent à moindre frais : l’OGC Nice, qui a complètement affolé le deadline day, et le FC Metz, qui a réussi avec zéro euros à mener un recrutement plutôt solide pour un promu. Du côté des riches, l’AS Monaco a réussi à se renforcer à presque tous les niveaux, quitte à parfois recycler, tandis que le PSG a négocié avec une justesse certaine un virage très important dans son projet.

NICE

Nice : Hatem qui ?

C’était prévisible, mais le mercato avait pourtant commencé par une poignée de mauvaises nouvelles côté niçois. Avec les départs de trois hommes clés du onze de Claude Puel l’an passé (Hatem Ben Arfa, Valère Germain et Nampalys Mendy, les deux premiers étant partis sans laisser au club le moindre centime), Nice n’a pas abordé la saison sous les meilleurs auspices. Ces joueurs n’auront finalement même pas eu le temps de manquer aux supporters niçois, tant le club a enchaîné les bonnes pioches. Pêle-mêle : Wylan Cyprien (FC Nantes, 5M€) est venu remplacer Nampalys Mendy, le jeune Arnaud Lusamba (ASNL) est venu épaissir la colonie de jeunes talents du Gym, Paul Baysse (ASSE, 500K€) est venu apporter son expérience de défenseur étiqueté « Ligue 1 » … Ça passe, mais ça ne fait pas un mercato réussi.

Non, ce qui a surtout fait le mercato du Gym, ce sont ces trois recrues qui peuvent potentiellement se muer en coups de génie : Dante, le défenseur brésilien passé par le Bayern Munich et le VfL Wolfsburg, qui arrive contre un petit chèque de 2,5M€ ; Younès Belhanda, le milieu offensif qui a déjà brillé en Ligue 1 sous les couleurs de Montpellier et qui s’était un peu perdu entre Kiev et Gelsenkirchen et qui arrive en prêt ; et surtout Mario Balotelli, qui arrive gratuitement depuis Liverpool qui s’arrachait les cheveux à ne plus savoir quoi faire de ce joueur.

Mario Balotelli en Ligue 1, c’est déjà un coup marketing réussi pour Nice qui s’offre un nom plus qu’un joueur, et dont la vente de maillots risque de battre des records. C’est aussi et surtout la promesse potentielle d’un joueur en quête de rachat, et qui arrive sur la Côte d’Azur avec un statut qu’il recherche depuis le début de sa carrière : sur le papier, il est au dessus de tout le monde. Il va devoir prendre ses responsabilités en tant que leader d’un groupe jeune et talentueux, et, sous la direction du nouvel entraîneur du Gym Lucien Favre, ça peut faire des étincelles. D’autant que si Balo se redécouvre un football sous le maillot du Gym, son futur transfert rapporterait très gros au club azuréen.

À l’image de son jeu, Nice n’a pas hésité à se découvrir et à tenter sur ce mercato d’été, tentant des paris qui peuvent paraître très risqués mais qui ont aussi et surtout de belles chances de réussite. Et c’est tout ce qu’on souhaite au Gym, parce qu’un mercato comme celui-là, en France, mérite d’être récompensé par de beaux résultats sur le terrain.

METZ

Metz : bien vu, le promu

Alors non, Metz, c’est pas encore le Brésil. Mais faire un tel recrutement sans dépenser le moindre centime, c’est de la gestion financière qui ferait pâlir les dirigeants de clubs allemands.

Alors oui, le recrutement fait passer le FC Metz pour un rassemblement de l’amicale des « joueurs Made in Ligue 1 sur le déclin en quête d’un bon challenge avant de raccrocher », mais sur le papier ça a quand même une bonne petite bouille : Franck SignorinoBenoît Assou-EkottoYann JouffreMilan Bisevac (chipé au nez et à la barbe de l’OM, s’il vous plaît), Renaud Cohade… Ça a des noms qui sonnent bien, ça cumule pas mal d’expérience, c’est pas mal du tout pour encadrer un groupe de promus, ça amène de la qualité et surtout ça coûte pas trop cher en entretien.

Si on ajoute à ça le prêt du buteur turc bien connu des pelouses de Ligue 1 Mevlüt Erdinç et d’une poignée de joueurs pas encore rouillés et tout aussi gratuits, on obtient un mercato maitrisé de bout en bout pour un promu bien décidé à se refaire une place au chaud en Ligue 1.

ASM

Monaco : ce coup-ci, Monaco s’est renforcé

Des transferts mirobolants avaient laissé entrevoir un projet étoilé ; des ventes à la pelle et des recrutements de jeunes avaient déboussolé les fans : cette année, l’AS Monaco et ses propriétaires russes semblent enfin savoir dans quelle direction ils vont, et ça a fait toute la différence.

Le plus gros chantier monégasque était la défense : la saison passé, ça alignait sans pression une charnière Raggi-Carvalho de 40 ans de moyenne d’âge, ils trainaient chacun deux semi-remorques, c’était plus possible. Place à la jeunesse talentueuse : Benjamin Mendy (OM, 13M€)  à gauche, Djibril Sidibé (LOSC, 15M€) à droite, Monaco à tapé dans ce qui se faisait de mieux en France et a même enrichi la concurrence de quelques billets. Dans l’axe, Carvalho est parti et a été numériquement remplacé par le Polonais Kamil Glik (Torino, 11M€), pas le plus ridicule de son équipe pendant l’Euro et qui a déjà montré toute sa rage en quelques matchs sous le maillot rouge et blanc.

Monaco s’est même offert le luxe de faire revenir deux joueurs pas trop mauvais devant : Falcao, qui s’est enfin décidé à redescendre d’un étage et à assumer qu’il ferait bien de réussir à Monaco avant de prétendre à redevenir un grand attaquant ; et Valère Germain, qui a brillé loin de la Principauté (enfin, loin… à Nice) la saison dernière et qui mérite amplement sa chance d’intégrer le onze de Jardim. Ça paraît pas comme ça, mais c’est un mercato drôlement réussi : Monaco a renforcé ses points faibles, n’a pas perdu ses meilleurs joueurs (notamment Fabinho, Lemar, Bernardo Silva et Joao Moutinho qui étaient courtisés), et ça a porté ses fruits. Villarreal et Paris peuvent en témoigner.

PSG

Paris : remplace-moi si tu peux

Beaucoup estiment que le PSG a raté son mercato. Parce que Zlatan est parti et n’a pas vraiment été remplacé, parce que David Luiz a filé à l’anglaise (vous l’avez ? J’en suis pas particulièrement fier, mais elle est là) au dernier moment et laisse le club amputé d’un défenseur central, parce qu’on dirait que Hatem a laissé ses cinq étoiles gestes techniques à Nice… Bref, tout un tas de raison pour lesquelles les néo-supporters du PSG nourris aux transferts ronflants et aux mercatos à neuf chiffres depuis quatre ans ne sont pas contents. Et ils ont tort.

En laissant partir Ibra et en licenciant Laurent Blanc, Paris a fait le choix d’un changement de stratégie. Un changement incarné non seulement par Unai Emery, un entraîneur qui porte une certaine philosophie du football, et par Patrick Kluivert, qui vient combler le vide laissé par Leonardo au poste de directeur sportif (ou « directeur du football »). De tels changements vont forcément mettre du temps à prendre : sur le terrain d’abord, où les joueurs vont devoir adopter le football d’Emery ; dans les bureaux ensuite, où la coordination entre Nasser, Patoche et Unai va devoir se construire.

Pourtant, Paris a quand même recruté. Peut-être pas au mieux, mais les joueurs qui sont arrivés ont tous apporté une certaine plus-value à l’effectif : Hatem Ben Arfa d’abord, qui, bien utilisé, peut apporter sa qualité technique et surtout une chose que ni Lucas ni Pastore n’ont été en mesure d’apporter sur la durer : des buts ; Thomas Meunier, qui est venu remplacer Grégroy van der Wiel dans le rôle de doublure de Serge Aurier et qui colle parfaitement au profil de latéral très offensif (il est attaquant de formation et a lui-même décrit son jeu comme 70% offensif-30% défensif, ndlr) préconisé par Emery ; Grzegorz Krychowiak, qui, s’il n’a pas encore vraiment joué avec le PSG, est déjà pour beaucoup le pendant parfait à Marco Verratti dans le coeur 4-2-3-1 parisien ; et enfin Jesé Rodriguez, un joueur polyvalent et talentueux dont les années au Real Madrid à côtoyer les plus grands joueurs et entraîneurs ne comptent certainement pas pour du beurre. Paris a aussi récupéré Alphonse Aréola, qui peut sincèrement menacer Kévin Trapp dans les cages, et fait un beau pari sur l’avenir en misant sur Giovani Lo Celso, prodige argentin de Rosario.

Alors peut-être que Paris n’a pas lâché 75 millions pour Draxler, ni recruté un attaquant de classe mondiale, mais croyez-moi quand je vous dit qu’au fond, c’est peut-être l’un des meilleurs recrutements depuis l’arrivée des Qataris. Surtout qu’en soit, tout le génie du PSG sur ce mercato réside dans le fait d’avoir fait du bénéfice sur les ventes de Digne et Stambouli.

Mention spéciale également aux Girondins de Bordeaux, qui ont surpris leur monde en recrutant des bons joueurs cet été (pour de vrai).

Rendez-vous demain pour l’épisode 2 !

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Catégories : France, Le Bilan

Auteur :Alexandre Aflalo

Papa du petit Misteur Mercato. Saltimbanque semi-pro à Sciences Po Lille, je vis de Papus Camara et d'eau fraîche. Amoureux de Lucas parce qu'en verlan son nom ça fait "Amour"

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